Elle s’allonge à même le sol de la maison vide, comme elle se coucherait sur la tombe d’une vieille amie qu’elle serait venue visiter pour partager deux trois bons souvenirs. Elle est revenue ici se rappeler de chaque pièce baignée de sa lumière particulière d’un soleil de fin de journée ou d’une lampe qu’on allume aux premières ombres du soir. Elle se rappelle du silence de la chambre, de la porte qui s’ouvrait tard dans la nuit, du café qu'elle préparait tous les matin dans la petite cuisine. Elle pense à tout ce qu’elle a minutieusement, patiemment - avec l’acharnement et tout le sacré que demandait l’affaire - injecté dans chaque parcelle de ce lieu pour qu’il soit à l’exacte image du refuge parfait.
De de l’eau a coulé sous les ponts, des lieux et d'autres matins aussi, ce qui l’amène ici aujourd’hui allez savoir, ce qui l’attire toujours vers ces maisons qu’elle a désertées, je ne sais pas non plus, je ne sais pas cet étrange attachement aux murs, comme si de son souffle par magie elle en faisait des êtres vivants qu’elle ne pouvait plus alors quitter pour de bon.