Dans la chambre faiblement éclairée d’une petite veilleuse blanche, sous le bruit assourdissant d’une pluie qui tombe ferme depuis des heures et qui donne l'air d'en avoir pour la nuit, elle caresse son visage pour l’endormir.
Il lui vient alors elle ne sait pourquoi là maintenant, l’envie de lui dessiner de son doigt une petite croix sur la peau lisse de son front. La même que lui trace encore sa mère aujourd’hui sur son front d’adulte en sachant bien pourtant que des croix elle n’en a rien à faire depuis pas mal de temps. Mais elle la laisse malgré tout entretenir ce rituel pour ne pas offenser et parce que ce geste au fond, ne la dérange pas.
Peut-être se dit-elle, qu’au delà de toute croyance, ces croix invisibles tracées sur les visages avant la nuit viennent prendre le relais des mains bienveillantes qui conscientes de leurs limites délèguent à quelques forces plus grandes le pouvoir inestimable de protéger plus fragile que soi. Peut-être.
Elle n’a rien dessiné sur son front, il se peut qu’elle n’ait pas osé, qu’elle ait craint que sa croix à elle ait la couleur de la facilité où de l’imposture.
Elle y a déposé ses lèvres, c’est tout.