Fin de journée, un rendez-vous l’oblige à mettre le nez dehors. Le vent tiède et les dernières gouttes d’une averse à peine tombée raniment son visage un peu blême de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit. Dehors, le monde s’active. Une fille d’allure trentenaire en sweat à capuche rouge et aux longues jambes moulées dans un caleçon noir le dépasse en lui frôlant le bras. Il la suit du regard jusqu’à voir disparaitre sa silhouette sautillante dans l’obscurité du parc en bas de la rue.
Le jour tombe, les lumières de la ville et l’eau de pluie font bon ménage à cette heure-ci.
Sur la terrasse du café des lycéens sont installés avec assurance devant des bières, des cendriers pleins et quelques feuilles de cours dispersées sur la table. Collés les uns aux autres ils craignent peut-être de s’envoler si l’un deux se hasardait à quitter la masse.
Il est en retard mais n’arrive pas à se dépêcher, savourant le réconfort que lui procure l’animation de la rue à l’exacte opposé du silence qu’il vient de laisser là-haut. Pour peu il aimerait rentrer dans les appartements assister aux diners qui se préparent, aux devoirs qui se font dans la chambre ou sur la table de la cuisine, aux bains qui se donnent, aux tête-à-tête des amants qui se retrouvent.
Il inspire profondément, remet son corps en mouvement, sent son regard retrouver l’intensité des bons jours, et laisse ses pensées s’alléger. Il aperçoit le bus sur le boulevard, se met à courir et l’attrape de justesse.

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